Souvent perçue comme une méthode aux effets spectaculaires et immédiats — à juste titre, car certaines séances peuvent provoquer des changements frappants — l’hypnothérapie reste pourtant mal comprise, aussi bien par les patients que par les praticiens.
Cette incompréhension empêche souvent les clients de profiter pleinement des bienfaits de l’hypnose. Beaucoup abandonnent après quelques séances, pensant que tout devait changer dès la première. Pourtant, c’est dans la répétition de gestes simples que se construit la transformation durable.
Cet article vise à clarifier certaines idées reçues, en s’appuyant sur les enseignements du docteur James Braid et de Milton Erickson.
L’efficacité d’un rituel simple : James Braid

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’hypnose ne repose pas sur des scripts complexes ou des métaphores alambiquées. James Braid, médecin à l’origine du terme « hypnose », montrait déjà qu’un simple rituel pouvait suffire.
Sa méthode était directe : fixer un objet brillant, concentrer son attention, et suggérer l’endormissement. Ce processus, appelé “monoïdéisme”, visait à focaliser l’esprit sur une seule idée. Il permettait ainsi d’activer les mécanismes naturels d’autorégulation du corps.
« Le sujet doit simplement fixer un objet que l’hypnotiste tient au-dessus des yeux, et y maintenir son regard et son esprit pendant quelques minutes. »
— James Braid
Ce type d’induction, simple en apparence, mobilise en réalité les ressources profondes du système nerveux. Inutile de complexifier pour que cela fonctionne.
Un état modifié de conscience, pas une perte de conscience
Autre idée reçue : il faudrait perdre conscience pour être en hypnose. C’est faux. De nombreux patients restent pleinement conscients tout en vivant un véritable changement.
James Braid* observait que l’entrée en transe s’accompagnait d’une forme d’excitation nerveuse, avec des signes visibles : pouls accéléré, changement de posture, expression corporelle typique.
« La première phase de l’hypnose est une période d’excitation avec conscience. Beaucoup croient ne pas être affectés, alors que les signes physiologiques montrent le contraire. »
— James Braid
L’hypnose n’est donc pas une forme de sommeil ou d’inconscience, mais un état modifié de conscience — actif, réceptif et émotionnellement engageant.
*Description détaillée du rituel d’hypnose de James Braid
Ce que disent les neurosciences
Les recherches actuelles confirment cette vision. En transe, l’activité du cerveau se réorganise. On observe :
- Une baisse d’activité du Default Mode Network (réseau du mode par défaut), responsable du bavardage mental.
- Une hausse de l’activité dans les réseaux attentionnels.
- Une inhibition relative du cortex préfrontal dorsolatéral, ce qui diminue temporairement la logique, l’analyse et la planification.
Le cerveau continue à capter les informations sensorielles, mais sans les interpréter consciemment. Cela permet un traitement plus intuitif, plus émotionnel.
Pas besoin donc de s’évanouir pour que l’hypnose agisse. Elle repose sur un rééquilibrage naturel des fonctions cognitives.
Erickson : déconstruire pour reconstruire
Milton Erickson, pionnier de l’hypnose moderne, allait plus loin. Il considérait l’hypnose comme un moyen de provoquer une “désagrégation de la personnalité” — temporaire et bénéfique.
« L’hypnose peut provoquer une désagrégation de la personnalité, ouvrant la voie à une resynthèse plus saine et fonctionnelle. »
— Milton Erickson
Cela permet de sortir des automatismes rigides, de mobiliser les ressources inconscientes, et de reconstruire de nouveaux comportements plus adaptés.
Mais cette transformation demande du temps. C’est la répétition qui ancre les changements.
La répétition : clé du changement durable
James Braid le rappelait déjà :
« Certains cas ne montrent aucune amélioration après une ou deux séances, mais obtiennent des résultats très satisfaisants après plusieurs essais. »
Chaque séance construit sur la précédente. Elle consolide les nouveaux schémas mentaux et affaiblit les anciens.
Trop de praticiens et de clients s’arrêtent trop tôt, alors que la véritable transformation vient de la régularité.
Simplicité, régularité, patience
L’hypnose efficace ne tient pas à la complexité des techniques. Elle repose sur trois piliers : simplicité, répétition et patience.
Les rituels simples, pratiqués avec régularité, permettent des changements profonds. C’est ce que nous enseignent Braid et Erickson : il n’y a pas besoin d’effets spectaculaires pour enclencher un véritable processus de guérison.
L’hypnose, loin d’être magique ou passive, est une pratique active, à la fois douce et exigeante. C’est en s’impliquant pleinement que praticien et client peuvent en révéler tout le potentiel.
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